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LA CHUTE DES CHEVEUX : UNE MALADIE DANS LA MALADIE 

Rencontre avec le Dr Michel Reich, médecin psychiatre au Centre de cancérologie Oscar Lambret de Lille   


 



 




 

   

   

    « J’ai remarqué que l’alopécie* était redoutée par les patients, quel que soit leur sexe, et qu’elle augmentait leur risque de dépression. Pour eux, cette perte est vécue comme une maladie dans la maladie » explique le médecin. Une étude, publiée en août 2014 par la revue scientifique médicale The Lancet, confirme ce risque : les patients atteints de cancer sont plus souvent atteints de dépression que la moyenne

 « C'est le cas classique de la femme qui se réveille au petit matin et qui voit son oreiller parsemé de cheveux. Le corps médical a beau l’inciter à anticiper, cela ne peut suffire à atténuer la souffrance, l’effet de sidération, de choc ressentis face à ce champ de ruine, pour reprendre l’expression d’une patiente. »

 

     Atteints dans leur amour-propre, les patients peuvent très facilement perdre confiance en eux et se couper de leur entourage : « Les conséquences sur le plan social sont importantes. Les malades ont du mal à sortir, à avoir une activité sociale. La chute des cheveux favorise l’isolement des patients.» Le docteur Reich les encourage alors à anticiper l’achat de leur perruque :

   « On a remarqué que ceux qui achètent une perruque dans l’urgence restent dans le déni, et ne font pas le deuil de leurs cheveux. Il est donc important de prévoir.» Pour le psychiatre, la perruque est un soutien essentiel pour les patients, mais elle ne suffit pas : « Pour qu’elle soit bien investie, bien supportée, il faut que la greffe prenne. Ce n’est pas parce qu’on masque la perte qu’elle n’existe pas. »

 

    Si les « prothèses capillaires » aident les patients à affronter le regard des autres, elles doivent néanmoins s’accompagner nécessairement d’un travail psychothérapeutique : « On encourage les malades à s'approprier leur nouvelle image, à voir l’alopécie comme une étape transitoire : les cheveux vont repousser.» Le médecin voit ainsi un double avantage au don de cheveux. Non seulement cela facilite l'accès aux perruques, mais cette solidarité permet également de libérer les malades d'un tabou

* Alopécie : terme médical pour désigner la chute des cheveux.

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Est-ce que je vais perdre mes cheveux ?

C’est souvent la première question des malades à l’annonce d’un cancer, d’après les cancérologues. Fort de ce constat, le psychiatre Michel Reich publie une étude en 2004 dans le Bulletin infirmier du Cancer pour détailler les répercussions psychologiques et psychiatriques de la chute des cheveux.

Michel Reich, psycho-oncologue

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